L’avenir des quartiers de la gare et du Port à l’Anglais

Les perspectives de la ZAC Seine Gare Vitry

Le projet du futur collège du Port à l’Anglais.

A l’initiative de la Fabrique/Vitry-en-mieux et d’un de ses conseillers municipaux, Frédéric Bourdon, une réunion d’information et de réflexion visait à débattre de l’avenir du quartier du Port-à-l’Anglais et de la Gare à travers la ZAC (Zone d’aménagement concertée) Seine Gare Vitry. Réunion du 24 février, à la salle de quartier du Port-à-l’Anglais, de 18h30 à 21h

Présentation du contexte :

Frédéric Bourdon a introduit la réunion par une brève présentation du contexte d’évolution du quartier du Port-à-l’Anglais durant ces deux dernières décennies.

Depuis la moitié des années 1990, le quartier du Port-à-l’anglais connaît de profonds changements. La création de l’EPA – ORSA (2007) – structure partenariale associant l’Etat, la région, le département et 12 communes (dont Vitry), doit jouer un rôle important dans l’évolution du quartier.

Quelques dates clés :

ZAC du port à l’anglais : Selon le site Internet de la Sadev94 cette ZAC a été créée en 1995 et terminée en 2011. Il s’agissait de 4ha, 350 logements, l’extension du square Charles Fourier, d’une promenade le long de la Seine, de l’ouverture de commerces (1000 m2), et de l’installation d’une oeuvre d’art. Des interrogations peuvent déjà être émises quant à l’existence de commerces et la livraison de l’oeuvre d’art.

Projet d’aménagement des Docks du Port-à-l’anglais : 2005, logements et bureau sont construits ou encore en cours de construction. Création de nouvelles rues. Absence de commerces.

Deux ZAC définies en décembre 2011 (deux réunions de concertation avec la population se sont tenues avril et novembre 2011). Sur cette zone se trouvaient 2000 emplois en 2012. La même année le rapport de l’Agence de l’environnement annonçait la prévision de de 5470 nouveaux emplois pour le logement de 10000 personnes (soit 4000 nouveaux logements).

Par le passé, l’association de quartier s’est déjà mobilisée, en créant un comité de réflexion en 2012. Le site Internet de l’association témoigne de ses précédentes propositions et travaux.

Une réunion publique de concertation (L-300-2 code de l’urbanisme) Mairie /EPAORSA s’est tenue le 23 janvier 2015 pour la ZAC Seine Gare Vitry.

Les études menées entraînent une évolution de la programmation

« L’ajustement de la programmation » oblige une concertation réglementaire.

La programmation est présentée comme « un peu modifiée », la part du logement progresse à 66% des surfaces de plancher, la part des activités économiques régresse à 29% ! Nous y reviendrons.

La réunion du 23.01.2015 ouvre cette concertation qui sera close le 7 mai. 2 registres sont ouverts en Mairie et à l’EPAORSA, le power point est disponible sur chacun des sites. La population est invitée à y inscrire ses questionnements, avis et propositions.

Les enjeux:

Jean-Claude PIERRE, Ancien directeur des bâtiments départementaux du Val de Marne et Ancien directeur des services techniques et d’aménagement de la Ville de Vitry sur Seine, reprend ensuite quelques éléments présentés lors de la soirée du 23 janvier et lance une réflexion avec les participants. En voici un compte-rendu .

L’OIN Orly Rungis Seine Amont créée en 2007 s’étend sur 12 communes et a pour mission n°1 de construire 60.000 logements.

Ce territoire est aménagé par un établissement public d’Etat créé pour la circonstance : EPA ORSA. Son conseil d’administration est composé de 8 représentants de l’Etat et de 18 des collectivités territoriales parmi lesquels est élu le Président (L.Garnier) mais ses pouvoirs restent limités par rapport aux attributions du directeur, haut fonctionnaire nommé par arrêté ministériel. Les compétences municipales de création de ZAC et de PC remontent au Préfet.

Lors de son discours à Créteil en octobre 2014, le premier ministre a annoncé le regroupement de plusieurs OIN, dont ORSA, sous l’égide de l’Agence Foncière et Technique de la Région Parisienne ce qui devrait entraîner une évolution de la gouvernance.

Les ARDOINES à Vitry constituent le cœur de l’OIN de 300ha correspondant à la zone d’activités soit ¼ du territoire communal. Il doit s’y construire 12.000 logements. Il s’agit d’une opération francilienne majeure, une des + grandes opérations de développement métropolitain en France !

L’opération est décomposée en 3 secteurs, ZAC Seine Gare Vitry de 39ha, la partie centrale des Ardoines et la ZAC Gare Ardoines de 49ha . Ces territoires comportent 400 entreprises employant 9000 personnes.

Elle envisage ou accompagne la démolition reconstruction de la centrale EDF, la restructuration des emprises et ateliers ferroviaires, le départ des dépôts d’essence.

Elle s’appuie sur le métro 15, un nouveau franchissement de Seine, le TZen 5.

Les 2 ZAC constituent le « 1er temps » et prévoient 5.000 logements et 500.000m² d’activités

La ZAC Seine Gare Vitry est au sud du quartier du Port à l’Anglais, séparée par une zone logistique.

Une première phase de réalisation est prévue d’ici 2022. Elle correspond aux emprises foncières maîtrisées par le public. Les autres terrains restent classées en zones d’activités au PLU : une révision du PLU prévue en 2016     sera nécessaire pour modifier leur constructibilité.

Le projet architectural comporte des bâtiments moins élevés que ceux initialement envisagés et permis par le PLU. Il se limite à 15 niveaux, probablement en raison de la difficulté de financer et commercialiser des IGH en zone inondable. Pour autant il apparaît très dense !

Cette réduction du nombre d’étages et des perspectives médiocres de commercialisation de bureaux amènent une réduction sensible des surfaces construites prévues. Toutefois la présentation faite semble erronée, les surfaces initiales étant en SHON, les nouvelles en surface de plancher, conformément à la nouvelle réglementation, ce qui donne un bonus d’environ 10%, surtout pour le logement et les équipements.

Si le projet d’activités est réduit de moitié, celui de logements ne l’est que de 4 à 5%. La ZAC devrait donc bien construire 4000 logements mais se limiter à 3000 / 4000 emplois, soit un gain de l’ordre de 1500 à 2000 par rapport à l’existant. Dans la première phase seraient construits 2000 logements alors qu’il y aura peu d’emplois supplémentaires compte tenu des pertes liées au départ actuel des entreprises et l’imprécision de la programmation des activités et bureaux.. Nous sommes bien loin des 165.000m² d’activités en 1ère phase sur lesquelles s’engage le Contrat de Développement des Grandes Ardoines signé entre toutes les parties le 20.12.2013, et fixant l’objectif d’1 emploi par actif !

Le projet mis en concertation n’est pas conforme aux engagements pris en matière d’emploi.

Le programme des équipements (élément obligatoire d’un dossier de ZAC) n’est pas fourni.

Du document présenté et des réponses données en réunion nous retenons :

  • – un collège avec gymnase, celui-ci étant mis à disposition de la ville autant que possible.
  • – Un groupe scolaire avec gymnase en première phase.
  • – Un groupe scolaire avec gymnase en seconde phase suivant l’évolution des besoins.
  • – Une crèche
  • – Une « médiathèque »,
  • – Un square
  • – Un parc des bords de Seine.

10 à 12000 nouveaux habitants, un quartier du Port à l’Anglais approchant les 20.000 habitants, avec 2 squares de 5.000m², un « parc des bords de Seine » équivalent à l’actuel, mieux aménagé, mais toujours au delà d’une route très fréquentée, aucun équipement sportif extérieur, aucune référence à une mairie annexe, un bureau de poste, un bureau grandes lignes SNCF, un poste de police….. Des équipements au rabais ? Financés par qui ? Une ZAC doit financer les équipements nécessaires aux habitants nouveaux : pourquoi dans un récent journal municipal le maire s’inquiétait de ne pouvoir réaliser le groupe scolaire si l’Etat n’en finançait pas 40% ? Les équipements seraient-ils à la charge du budget municipal , donc des contributions des habitants ?

Et quelles ressources financeront la gestion ? Une hausse de la fiscalité locale comme dans la plupart des territoires d’OIN ?

Et que dire des commerces réduits à une portion congrue de 5.000m², éparpillés entre la gare, la rue B.Albrecht et l’avenue ALLENDE. A peine de quoi couvrir les besoins d’immédiate proximité, alors qu’un besoin criant existe déjà.

Peut-on développer des activités, notamment tertiaires, sans un minimum de services, de commerces et d’équipements ?

Peu d’activités, des équipements réduits, un commerce insuffisant, le manque d’espaces verts et d’équipements sportifs, n’y a t il pas là les ingrédients de quartiers en difficultés ?

Le projet s’attache à lutter contre les inondations. Installer 4.000 logements nouveaux dans une zone inondable pose quelques soucis. Alors une solution est projetée : surélever certaines voiries au dessus de la cote de crue de 1910 pour faciliter l’évacuation des populations et secourir ceux qui resteront. Les ponts étant au dessus de la cote d’inondation comme certains terrains précédemment remblayés (EDF), l’idée est de construire depuis le quartier Balzac une chaussée surélevée qui formera un axe sud nord jusqu’à Allende qui sera rehaussée et une voie nouvelle le long des voies ferrées jusqu’à la gare. (P.21à 24)

Deux voies piétonnes surélevées pénétreront la ZAC Seine Gare Vitry. De même une dalle sera édifiée sur la cour de la gare (au niveau de l’égout du toit de Gare au Théâtre).

L’efficacité de ce dispositif coûteux à l’investissement comme à l’entretien prête à réflexion. D’autant qu’il peut s’avérer source de nuisances comme tous les dispositifs de dalle.

Le PPRI obligeant à compenser tous les volumes construits et remblayés par des vides équivalents, aucune précision n’est donnée quant à ces compensations. Au vu de réalisations récentes comme les « Docks » on peut s’interroger quant au respect de cette règle.

Aucune étude n’est fournie sur les conséquences dans les autres zones. Il est à craindre que ces digues et remblais ne viennent perturber et entraînent des conséquences fâcheuses pour les quartiers de la plaine de Vitry et du Port à l’Anglais.

Il est important que chacun fasse part de ses observations sur les registres de la consultation. Il n’y en aura pas d’autre. Les enquêtes publiques à venir se prêteront moins à des remises en cause des projets trop engagés à l’époque.

Ce d’autant plus que le changement de pilotage de l’opération annoncée par le 1er ministre peut s’avérer un moment de meilleure écoute.

Les questionnements.

Une trentaine de personnes ont participé à un échange et des débats riches, ce malgré une organisation contrainte à une période de vacances scolaires. Il est considéré nécessaire de donner suite à cette première rencontre.

La concertation en cours relève d’une démarche obligatoire et non d’une volonté de dialogue. Il est fort regrettable que la concertation qui s’est tenue jusqu’en 2012 ait été interrompue par les autorités. Il n’est pas envisageable que le projet se poursuive sans renouer un dialogue constructif avec les habitants et les entreprises, notamment.

Malgré leur réduction, les hauteurs des bâtiments prévus restent trop élevés, notamment sur le front de Seine.

La diminution de moitié des programmes d’activités ne sont pas admissibles : l’augmentation de 1000 à 2000 emplois sur la zone est insuffisante au regard des 5000 nouveaux actifs. On ne serait plus en quartier mixte mais en zone résidentielle.

Le programme de logements n’a pas évolué compte tenu du passage de la SHON à la surface de planchers (ce qui n’a pas été dit par l’EPA). Il convient de diminuer le programme de logements à proportion de celui d’activités.

Ce constat semble aggraver dans la première phase de réalisation avec de nombreux départs d’activités et une prédominance de construction de logements.

Quelle possibilité d’évolution pour les entreprises existantes ? Peuvent-elles vendre, évoluer, s’agrandir ? Pourquoi ne sont-elles pas concertées ?

Que deviennent les entreprises contraintes de partir ? Et leurs salariés ?

L’entreprise Ponticelli, entreprise emblématique de Vitry, créée par Lazare Ponticelli, le dernier des poilus, sera-t-elle maintenue sur le site ?

Quel devenir des garages, du Funérarium, … ?

– La réduction du programme commercial n’est pas acceptable. Le quartier est déjà très mal desservi. De plus la dissémination des 5000m² prévus est inquiétante. Les exemples précédents pour la ZAC réalisée ou les Docks sont décourageants. Il ne s’agit pas d’imaginer un nouveau complexe grandiose mais de conforter les existants et de répondre aux besoins ordinaires de la population.

– L’absence d’un programme d’équipements est mal ressenti. Le quartier du Port à l’Anglais aura, si ce programme est réalisé, environ 15.000 habitants, sans tenir compte d’une forte densification possible du secteur Blanqui. De par sa situation, sa compacité, il ne peut se concevoir sans bureau de poste, poste de police, mairie annexe, stade, …. .

De plus il apparaît que, contrairement à l’objectif d’une ZAC, les équipements resteraient à la charge des collectivités, donc des contribuables, et non financés sur une part des plus values foncières.

– Les espaces verts publics n’ont pas l’importance nécessaire à un quartier éloigné de tout parc public. L’aménagement des bords de Seine trouvera peu d’espaces nouveaux et rien n’est proposé quant à la sécurisation des traversées de l’axe routier très circulé du quai J.Guesde.

– Le projet de sécurisation lors de crues importantes apparaît dangereux. Une telle réalisation doit être mesurée au moins à l’échelle communale, compte tenu de ses répercussions sur les autres secteurs.

En la matière toute étude doit faire l’objet d’une confirmation par simulation sur maquette. Quelles sont les dispositions prises et quelle transparence vis à vis des milliers d’habitants concernés ?

Aucune indication n’est donnée quant aux volumes « en creux » compensant obligatoirement les remblais de toute nature. Au vu des réalisations des Docks cette règle a-t-elle été bien respectée ?

– Les 2 niveaux de circulation publique des piétons résultant de ce projet paraissent d’une réalisation et d’une gestion onéreuses. Comment est-il prévu de les financer ?

Les réalisations en d’autres lieux ont montré également des risques sécuritaires et de nuisances. Les services de police et de gestion urbaine sont-ils consultés ?

– Les itinéraires cyclables prévus sont imprécis et en partie inadaptés. A Vitry des petits morceaux de piste sont réalisés sans que l’on puisse en comprendre la logique. A quand un projet global, concerté avec les cyclistes et intégrant une gestion efficace ?

– Le projet au niveau de la gare est flou. Pourquoi cette passerelle très élevée au dessus de la voie ferrée ? Est-elle accessible uniquement par ascenseur à l’ouest ? Un passage sous les voies, plus confortable et facile n’est-il pas possible ?

– Est-il prévu réellement de réaliser une dalle devant Gare au Théâtre ?

– Aucune indication n’est donnée quant au réaménagement de la place Pierre Sémard, priorité des priorités et nécessaire au plus tard à l’ouverture du collège en 2017. « L’attaque de la diligence », quotidien scolaire des lycéens, conflits entre piétons et usagers des bus 180 et 217 ne peuvent perdurer.

Au niveau de la Région, du Département, du STIF, de la RATP, des financements existent pour de telles opérations. Pourquoi cette absence de projet, de perspective ?

– Globalement la circulation des piétons dans le quartier inquiète chacun. La problématique du collège est révélatrice. Aujourd’hui aucun cheminement sécure n’existe pour se rendre à l’emplacement retenu contre l’avis général. Les rues ne disposent que de trottoirs étriqués, souvent encombrés de véhicules en stationnement, faute d’autres solutions.

La circulation des poids lourds et véhicules de livraison, importante, perdurera, compte tenu de la situation et de la présence de nombreux générateurs de trafic.

Le collège, ouvert à la rentrée 2017, sera cerné par les chantiers des logements côté Seine, du groupe scolaire, du Tzen, du complexe immobilier d’entreprises, mitoyen au sud, des chantiers de la Gare à l’ouest. Il restera face à des entreprises de logistique et de collecte de déchets au nord. Dans ces conditions quelles dispositions sont envisagées pour sécuriser les parcours scolaires ?

L’exemple des logements sociaux de la rue d’Ivry dépourvue de trottoirs ne crédibilise pas les bonnes paroles !

La présentation du projet de collège par le représentant du conseil général (M. Jacques Perreux ayant remplacé M. Desmarets, excusé pour des contraintes familiales) amène beaucoup de remarques concernant le site retenu (beaucoup moins approprié que le précédent sur lequel se développe une opération immobilière de 200 logements) et l’absence totale de concertation.

La solution de conception construction et les délais très contraints laissent peu de place à des évolutions du projet. Toutefois l’engagement est pris d’une réunion rapide avec les architectes pour une présentation détaillée et l’examen des aménagements possibles.

La capacité d’accueil de 650 élèves est estimée comme la plus adaptée à un bon fonctionnement de l’établissement.

Les salles d’enseignement de 55m² sont prévues pour des classes de 25 élèves. Les éventuels sureffectifs ne relèvent pas de la responsabilité des collectivités territoriales.

Toutefois en l’absence de connaissance de la carte scolaire des collèges et au vu de la population prévue dans le quartier cet établissement paraît insuffisant pour l’accueil de tous. Quelle carte scolaire ? Quelles prévisions de fréquentation.

Le collège est financé par le département à l’exception d’une contribution communale pour l’équipement sportif et la salle polyvalente qui seront disponibles pour le quartier en dehors des heures scolaires. Ceci repose la question du financement des équipements et de la contribution de l’opération aux équipements nécessaires aux nouveaux habitants. Quand sera proposé à la concertation le bilan financier de la ZAC ?

Sur les plans de la ZAC figure une voie piétonne, surélevée au dessus de la cote de crue 1910, desservant le collège. Les plans du collège ne paraissent pas en tenir compte. Qu’en est-il ?

Sous la rue E.Cavell est installé, entre autres canalisations, un pipeline exploité par la société TRAPIL. Il en résulte un périmètre de protection où tout ERP recevant plus de 100 personnes ne peut être construit qu’à la suite d’une étude vérifiant les conditions de sécurité au regard des risques présentés. Cette étude a-t-elle été réalisée ? Peut-elle être présentée ?

Conclusion :

La réflexion n’est pas arrivée à son terme à l’issue de cette soirée. D’autres temps semblent nécessaires, avec par exemple, la présence de spécialistes ou représentants de l’EPA ORSA, de la ville et de conseil général, pour répondre aux questions des habitants. L’échéance de la fin de concertation publique le 7 mai oblige à un autre temps de réunion au cours du mois d’avril 2015.

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