Dernière réunion de concertation sur le projet d’incinérateur à Ivry

L’usine Ivry/Paris XIII est l’une des plus grandes usines d’incinération d’Europe (près de 700 000 tonnes d’ordures ménagères incinérées en 2015, pour une capacité de 730 000 tonnes) et regroupe depuis 1997 un centre de tri, un centre d’incinération et une déchetterie. Une première bataille a été menée, avec succès, dans les années 2000 pour que des travaux de mise aux normes du système de dépollution des fumées soient effectués comme l’exigeait la règlementation européenne.

Si la mobilisation peinait à prendre au-delà des territoires concernés par ces problématiques, on constate une évolution dans la prise de conscience de la nécessité d’un tri des déchets plus efficace et l’émergence d’une nouvelle perception des déchets comme étant une ressource.

Sur le territoire que couvre le Syctom, plusieurs mesures ont été prises visant la réduction des déchets et une meilleure collecte, comme à  Ivry ou à Paris. Ces mesures, vraiment étendues, rendent obsolète le projet de reconstruction de l’usine Ivry/Paris XIII du Syctom. Dans notre ville, notre groupe Vitry en mieux, défend cette perspective et tend à convaincre les membres du conseil municipal de l’importance de tendre vers le zéro déchet.

I)                  Projet de reconstruction de l’usine Ivry/Paris XIIIème

Après une phase de concertation initiée en 2003 et un débat public en 2009, le projet de reconstruction a été approuvé par le Comité syndical du Syctom en 2011.

Le projet initial devait associer un nouvel incinérateur d’une capacité de 350 000 tonnes avec une unité de tri-mécano biologique, avec méthanisation. Avec l’ouverture de l’usine en 2026, 536 000 tonnes d’ordures ménagères seraient traitées chaque année sur le site dont 54 000 tonnes en provenance du bassin versant de Romainville. 226 000 tonnes seraient directement dirigées vers l’incinérateur, 310 000 tonnes subiraient un pré-traitement de tri mécano-biologique, et sur ces 310 000 tonnes, 124 000 tonnes à haut pouvoir calorifique seraient redirigées vers l’incinérateur.

Une procédure de dialogue compétitif a été ouverte dans le cadre d’un appel d’offres public pour choisir le prestataire chargé de la conception, de la construction et de l’exploitation du futur centre (1,8 M€ sur 23 ans dont la moitié en investissements). Le 2 février 2015, le Syctom et le Groupement IP13, conduit par Suez Environnement, ont signé le marché de conception-construction-exploitation de l’usine Ivry-Paris XIII. Le projet a été déclaré d’utilité publique par le Préfet en 2016 et fait l’objet d’une 3ème phase de la concertation du débat public.

Suite aux différentes mobilisations la méthanisation a été abandonnée. Cependant, l’unité de Tri-Mécano Biologique transformée en une « unité de valorisation organique » reste à l’ordre du jour. Le TMB vise à séparer les différents types de déchets (organiques, métaux,   plastiques, etc…) et à les traiter   selon   leur   composition   pour   mieux   les   valoriser   afin   de   réduire   l’incinération   et   de   limiter l’enfouissement.

Il consiste en l’imbrication étroite de plusieurs opérations :

  • des opérations de traitement et de tri mécaniques qui visent à fractionner les déchets et à isoler progressivement certains éléments valorisables en tant que matériaux (métaux, plastiques, verre …), déchets fermentescibles ou déchets incinérables à fort pouvoir calorifique (PCI). L’usine Ivry/Paris XIII alimente le réseau de chauffage urbain de la Ville de Paris. Le réseau de chauffage urbain de la ville d’Ivry, alimenté par le puits de géothermie actuellement en construction, bénéficiera également de cette chaleur produite par l’incinération des déchets.
  • des opérations biologiques telles que le compostage ou la méthanisation qui transforment la   fraction   fermentescible   isolée   en   produits   valorisables   (compost,   biogaz)   ou   en   produits   « stabilisés »   (dont   le   pouvoir fermentescible   est   diminué)   pouvant   être   stockés   en   centre d’enfouissement.Le compost produit par le TMB est le plus souvent de mauvaise qualité et inutilisable en agriculture car ne respectant pas les normes. D’après l’ADEME, seulement 7 % des « composts » issus d’ordures ménagères répondraient à la norme sur les amendements organiques (NFU 44051) à respecter depuis le 1er mars 2009. En effet, la matière organique contenue dans les poubelles résiduelles est contaminée par différents polluants. On ne peut donc obtenir un compost de qualité en récupérant la matière organique à partir d’ordures en mélange

 

La loi de Transition Energétique rend obsolète le TMB : « La généralisation du tri à la source des biodéchets, en orientant ces déchets vers des filières de valorisation matière de qualité, rend non pertinente la création de nouvelles installations de tri mécano-biologique d’ordures ménagères résiduelles n’ayant pas fait l’objet d’un tri à la source des biodéchets, qui doit donc être évitée et ne fait, en conséquence, plus l’objet d’aides des pouvoirs publics. ». Ainsi, malgré les dispositions de la loi de Transition Energétique, le projet du Syctom continue de proposer la reconstruction d’une usine d’incinération à la capacité surdimensionnée au vu des nouvelles obligations législatives de tri à la source des bio-déchets et le volontarisme de certaines communes sur le sujet –notamment Paris. Le projet de reconstruction de l’usine prévoit également une « unité de valorisation organique » qui s’apparente à un TMB rebaptisé.

 

II)            Risques sanitaires

La présence d’une usine d’incinération en milieu urbain dense n’est pas sans poser de nombreux problèmes sanitaires et environnementaux. Outre les nuisances olfactives (odeurs, mouches etc.) liées à la présence « d’une unité de valorisation organique », l’incinération est un facteur de pollution de l’air. C’est ainsi qu’en un an, sortent des cheminées (après traitement et filtration des polluants, chiffres de 2013) : 10,7 tonnes de poussières, 201 kg de 9 « métaux lourds », 447 kg de zinc, 8 kg de mercure, des gaz dangereux pour les voies respiratoires, surtout en cas d’asthme (180 tonnes d’oxydes d’azote, 53,7 t de dioxyde de soufre). D’autres polluants particulièrement nocifs sont produits par l’incinération : les dioxines et furanes qui sont des « perturbateurs endocriniens », dont la toxicité n’est pas proportionnelle à leur quantité.

 

III)            Alternatives au projet

Zero Waste France et le Collectif 3R ont travaillé à une alternative au projet de reconstruction de l’usine Ivry/Paris XIII. S’appuyant sur une relance du tri sélectif, sur les nouvelles dispositions de la Loi sur la Transition Energétique, le plan B’OM propose avec trois chantiers et douze actions concrètes une démarche s’inspirant du Zero Déchet Zéro Gaspillage, consultable en cliquant sur le lien suivant.

http://www.planbom.org/

 

Il est encore temps de se mobiliser ! La concertation se termine le 14 juillet prochain (http://projet-ivryparis13.syctom.fr/) et une réunion publique de restitution est prévue le mardi 5 juillet à 20h30 (à l’Espace Robespierre, à Ivry). Soyons nombreux à y assister et à participer.

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