L’installation quasi généralisée de LINKY, le « compteur communicant » d’ERDF, serait-elle une bonne ou mauvaise chose ?

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Une pétition a été lancée il y a peu, à Vitry, contre l’installation de compteurs Linky. Patricia Franzoni à l’origine de cette pétition, représentante de locataires à la CNL, a interpellé à ce sujet Frédéric Bourdon, Conseiller municipal de La Fabrique. Ce dernier a fouillé le sujet, afin de mieux en comprendre les enjeux, à partir des avis contradictoires qui existent à propos de Linky.

  • Linky : qu’est-ce que c’est ? Et comment ça marche ?

 

A l’origine c’est une loi européenne (2009), confortée par la loi sur la transition énergétique et la « croissance verte » (2015), qui fait de ce type de compteur « intelligent » l’outil indispensable pour éviter le gaspillage énergétique. Derrière ce petit nom savamment recherché se trouve la nouvelle génération de compteurs d’ERDF (enfin, d’Enedis, puisque la société vient de changer de nom). C’est un « compteur communicant » : ceci signifie qu’il peut recevoir des ordres et envoyer des données sans l’intervention physique d’un technicien. Il permet de mesurer en temps réel la consommation d’électricité, de gérer à distance le réseau et d’accompagner la transition qui prévoit 40 % d’électricité renouvelable d’ici le milieu du siècle.

 

Selon ses défenseurs, il a le triple avantage de faciliter la vie des clients, d’améliorer le réseau existant et de lutter contre le gaspillage énergétique. La pose des compteurs communicants Linky a commencé le 1er décembre 2015. L’objectif est de remplacer 90 % des anciens compteurs dans 35 millions de foyers en France d’ici 2021. Ceci représente un coût de 5 milliards d’euros, qu’Enedis investira pour moitié en fonds propres, l’autre moitié en emprunt. L’entreprise affirme que l’installation de ces compteurs créera de l’emploi et communique sur le fait que le client n’a rien à payer à l’installation. Enedis en fait un outil fiable, respectant la vie privée des clients. Enfin, l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR – établissement public administratif créé par la loi de réglementation des télécommunications du 26 juillet 1996, avec pour mission la gestion du spectre radioélectrique en France) a publié un rapport, fin mai 2016, établissant que « l’impact des ondes est faible ».

 

Une opposition croissante

 

Mais des voix s’élèvent contre cet appareil présenté comme fabuleux et écologique. En première ligne figurent des collectifs (collectif Ondes et Santé ou anti-Linky), des associations anti ondes (tel que les Robins des toits) ou même la Ligue des droits de l’Homme (qui demande un moratoire), des particuliers, et enfin des élus (près de 200 villes ayant décidé de délibérer contre l’installation de ces compteurs).

Plusieurs arguments sont opposés à l’installation des compteurs Linky.

Selon ses détracteurs, le principe de précaution n’est pas respecté. Il n’y a pas, à ce stade, de réponse à la question suivante : quel sera dans la durée l’impact des ondes émises par les compteurs sur la santé des habitants ? D’autre part, ces compteurs permettraient d’obtenir énormément d’informations privées (manière de vivre des consommateurs, quand consomment-ils, quel type d’énergie, dans quelle pièce, à quel moment ?). Et de surcroît des incendies ont été causés après l’installation de tels compteurs, en France, comme à l’étranger.

Au final, des communes de plus en plus nombreuses se positionnent contre l’installation de tels compteurs. Le blog de Stéphane Lhomme, élu du sud de la France répertorie les quelques 200 communes ayant délibéré contre ces compteurs ou ayant porté un vœu pour qu’en soit stoppé l’installation. Certains pays européens se sont aussi montrés réticents à appliquer la directive européenne. C’est le cas de l’Allemagne qui estime que « l’adoption massive de nouveaux compteurs n’est pas dans l’intérêt du consommateur allemand ».

Une fois consulté l’ensemble de ces arguments de nombreuses questions demeurent

 

  • Pourquoi généraliser cette installation dans tous les foyers du territoire national ? Ne pourrait-on s’appuyer sur le choix des consommateurs ?
  • Pourquoi le remplacement des anciens compteurs n’est pas prévu à 100 %  ?
  • L’argument de la création d’emploi n’est-il pas à contrebalancer avec la perte d’emploi des techniciens relevant actuellement les compteurs ?
  • Introduire ces compteurs uniquement dans les nouvelles constructions ne serait-il pas une manière d’éviter les dangers d’incendies ?
  • Quelle incidence, à terme, sur la facture du consommateur ?
  • Comment EDF peut-il être garant des libertés individuelles ?
  • Des études montrent-elles vraiment l’incidence de ce type d’ondes sur la santé ? Sont-elles plus néfastes que celles liées à la téléphonie mobile et du Wifi ?
  • Comment une ville peut-elle s’opposer à l’installation généralisée des compteurs sur son territoire ?

L’enjeu est de taille : il induit des investissements en milliards d’euros, touche à la santé publique et aux libertés individuelles. A Vitry comme dans les villes voisines, les citoyens sont de plus en plus nombreux à s’interroger et à interpeller les élus locaux à ce sujet. C’est pourquoi il est important que les arguments soient confrontés et qu’un débat contradictoire permette aux citoyens et aux décideurs politiques de se faire rapidement leur opinion.

Après que l’un de ses élus, Frédéric Bourdon, ait été interpellé à ce sujet et qu’il ait rassemblé ces premiers éléments :

La Fabrique Vitry en mieux propose un temps de débat citoyen sur les enjeux de l’installation de compteurs Linky.

 

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