Abstention sur le budget municipal : pour un budget de gauche plus citoyen et écologiste

budget 2017

 

 

Après un débat d’orientations budgétaires présenté en séance du 18 janvier, le conseil municipal votait le budget primitif 2017, ce 1er février. Le groupe Vitry en mieux a exprimé des points de convergences avec le budget municipal, en ce qui concerne les politiques sociales, de solidarité et culturelles. Il a aussi exprimé des propositions pour l’élaboration d ‘un budget plus citoyen et écologiste en mettant l’accent sur des pratiques nouvelles : le budget participatif, la transparence dans les choix et attributions des subventions aux associations, les repas sans viande, l’investissement dans des énergies renouvelables de proximité, etc. Voici donc à suivre l’intervention exprimée par le président du groupe des élus de Vitry en mieux, Frédéric Bourdon.

 

 

 

M. le Maire, chers collègues,

J’aimerais tout d’abord rappeler que l’avis de notre groupe sur le budget municipal est celui d’un groupe issu d’une liste de gauche, citoyenne et écologiste qui s’est présentée aux élections municipales 2014, en regroupant plus de 3000 électeurs, soit 1/3 de l’électorat de l’actuelle majorité municipale. Nous sommes dans une situation originale et inédite à Vitry, les élus de la majorité ne représentant pas la majorité des électeurs. Nous avions souhaité, entre les deux tours, un accord technique, mais l’union n’était sûrement pas conciliable en cette période électorale. Il en résulte sur le fond, deux éléments fondamentaux.

Le premier est qu’il existe des passerelles entre nous, de nombreux points nous réunissent dans les domaines du social, du culturel, de la solidarité, ce qui fait le creuset des forces de gauche, à savoir penser l’intérêt général à partir de la promotion des biens communs comme source d’émancipation humaine des individus. A ce titre, nous partageons l’engagement pris par la municipalité de poursuivre son aide financière aux associations, car nous savons que cela favorise l’investissement des bénévoles, vraie valeur ajoutée à la démocratie locale, dans un contexte de crise institutionnelle et démocratique profonde. Nous regrettons comme vous, de devoir faire des économies sur la masse salariale, dans un contexte économique où le taux de chômage est très haut, et que le besoin en termes de service public est toujours plus fort et indispensable. C’est bien le résultat des politiques d’austérité qui sont menées depuis longtemps par des gouvernements successifs de gauche et de droite et qui, on peut le craindre, risquent de se poursuivre dans les prochaines années. Nous soutenons aussi totalement l’investissement dans les écoles, dans les équipements utiles aux habitants, la construction d’un centre aquatique, mais aussi les travaux de mise en accessibilité handicapé, la création ou réhabilitation de jardins, etc. Sur l’ensemble de ces points, nous sommes en pleine convergence avec vous.

Le deuxième élément fondamental, c’est que nous proposons depuis bientôt trois ans des alternatives sur bon nombre de sujets. Ces alternatives émanent d’un logiciel de pensées différent au vôtre. Notre logiciel de pensée qui n’est ni classique, ni productiviste, n’est pas sans conséquence, car il induit des choix budgétaires que nous n’aurions pas faits et à la place desquels nous aurions envisagé d’autres solutions.

Comprenez donc bien que notre avis sur le budget municipal s’exprime à l’aune du programme que nous avons présenté en 2014, mais aussi à l’aune du programme que vous défendez à travers le budget ici présenté. Je souhaite prendre quelques exemples qui marquent nos différences, à titre d’apports à ce qui pourrait être l’élaboration de nouvelles passerelles pour une politique de gauche davantage citoyenne et écologiste à Vitry.

 

Le budget municipal devrait être l’expression démocratique des habitants

Sur la manière de faire le budget nous regrettons qu’il ne soit pas travaillé avec les habitants tout au long de l’année précédant sa réalisation, et qu’une partie au moins de ce budget ne soit pas participatif. Quelques éléments ont été débattus lors des AG du Maire, mais cela ne suffit pas : on reste souvent dans les grandes lignes, pour justifier quelques choix de la municipalité et accuser l’Etat de son désengagement. Un budget plus conséquent sur le volet citoyenneté et démocratie locale est donc nécessaire. Il représente 0.09% du budget municipal, quand la communication représente 0.7%. Communiquer est important mais n’est qu’un pan de la relation que tissent les politiques et les services avec la population. Nous pensons qu’il faut au moins tripler le budget citoyenneté et démocratie locale, pour donner des moyens aux conseils de quartiers et investir dans des formes nouvelles de démocraties participatives. Il faut donc donner des moyens à la réalisation d’un budget participatif, et la concertation citoyenne sur les projets majeurs de la ville, en partie via les civic techs. M. le Maire vous dites souvent que l’on peut faire mieux en termes de démocratie. Nous sommes une ville où le déficit démocratique est réel, à commencer par le record d’abstention aux élections. Nous avons d’ailleurs noté que le groupe socialiste dans sa tribune s’inquiète lui aussi de ce constat. Ce n’est pas une agression que de dire que nous avons le devoir d’innovation dans ce domaine.

La question démocratique est un enjeu de taille pour nous et comme nous l’avons dit plus tôt, les associations jouent un grand rôle dans ce domaine. C’est pourquoi nous souhaitons que les choix et les critères d’attribution de subventions aux associations soient repensés et rendues transparents. Par exemple, comment expliquer que la ville attribue une subvention à l’épicerie solidaire Lol’idays, qui est deux fois moins importante que celle qu’elle demandait pour son démarrage et son bon fonctionnement ? Et ceci à plus forte raison quand l’enveloppe globale des subventions aux associations a diminué de 27000 euros !

Quant à la subvention de renflouage de la Semise qui augmente d’un million pour réparer des irrégularités du passé nous les avons dénoncées et continuons à le faire en ne votant pas cette subvention. Nous aurions d’ailleurs souhaité que la municipalité s’exprime sur l’une des pistes proposées par le rapport de la Miilos, à savoir fusionner l’OPH et la Semise. En tout cas, il faut ouvrir ce débat.

Contre la hausse des Impôts locaux et tarifs des services municipaux comme variable d’ajustement:

M. le Maire vous avez évoqué qu’il pourrait y avoir une augmentation des impôts locaux en 2017, en fonction de la réponse faite par l’Etat de ses dotations. L’augmentation des bases engendre déjà des recettes supplémentaires pour la ville et une augmentation de la TH et TF pour la plupart des habitants : nous disons qu’il ne faut pas les placer dans la position de variable d’ajustement du budget municipal. Il en est de même concernant les tarifs des services municipaux qui pourraient être augmentés en cours d’année.

L’augmentation des taux de la TEOM sur près de 10 ans ne nous convient et ne nous convainc pas plus. Nous savons bien que cette augmentation permet de compenser les charges de fonctionnement en hausse du fait de la collecte pneumatique, dont les coûts sont supérieurs à d’autres types de collecte. Un article paru en décembre dans la revue Technicités montre qu’à pleine capacité, le coût global (investissement et fonctionnement) sur trente ans est supérieur d’environ 65 % à celui de la collecte automobile (…). Nous ne défendons pas la collecte automobile ! Mais la sagesse commande de faire le bilan comparatif des différents modes de collecte sur le territoire. Nous continuons à nous opposer à ce type de collecte premièrement pour la raison financière car avec plus de 30 millions d’investissement nous aurions pu investir dans d’autres équipements que demandent les Vitriots. Mais nous nous y opposons aussi parce que la collecte pneumatique n’est pas écolo compatible : en premier lieu parce que le procédé est énergivore.  Mais nous disons surtout qu’il faut investir, en dehors d’un modèle productiviste, pour qu’au final, on ait besoin de moins collecter et de mieux trier ! Rappelons que Vitry est en queue de peloton des villes d’Ile-de-France en ce qui concerne la collecte sélective des déchets !

Investir dans les circulations douces, la rénovation thermique, etc :

La production de déchets et leur destruction représentent une part majeur de l’impact de l’homme sur la planète, en particulier dans nos sociétés industrialisées. C’est le cas dans d’autres domaines, où Vitry devrait être à la pointe. Il n’est plus besoin de prouver, ou presque pour quelques climatosceptiques, que l’utilisation des énergies fossiles pour se déplacer ou se chauffer, est en voie de détruire l’humanité.

Nous prétendons qu’il faut que Vitry se lance résolument dans un plan ambitieux permettant d’investir dans les circulations douces, la rénovation thermique et la production d’énergie renouvelable.

C’est pourquoi nous ne comprenons pas pourquoi le budget municipal ne s’est pas doté du financement du FIM (Fonds d’investissement métropolitain – 65 millions) et du FSIL (Fonds de soutien à l’investissement local- 16 millions). A travers ces deux fonds orientés vers la résilience des territoires, nous aurions pu obtenir des subventions permettant d’investir plus dans des véhicules électriques et donc accélérer la dédiélisation de notre parc automobile, nous aurions pu investir plus largement dans la rénovation thermique des équipements publiques afin de diminuer le gaspillage énergétique. Nous aurions pu alléger notre investissement pour le centre aquatique, ce qui nous aurait donné l’occasion d’investir dans la production d’énergie, et d’aménager plus de pistes cyclables, pour lesquelles il n’est prévu aucun investissement en 2017. Il s’agit là de choix que nous défendons. Nous aurions du, selon nous, solliciter dès 2016 cette source de financement.

Nous regrettons aussi que des équipements utiles à la population ne fassent pas l’objet des choix politiques de la majorité. La salle des fêtes, par exemple, est promise depuis bientôt 20 ans ! Si une partie du budget d’investissement avait été consacré à un budget participatif, beaucoup de Vitriots auraient sans aucun doute exprimé leur souhait que nous investissions dans cette salle, ou dans la construction de nouvelles crèches ou d’un deuxième EHPAD.

Il en est de même quand nous abordons la question de l’aménagement des ZAC, je pense en particulier aux Ardoines, pour lesquelles nous n’avons pas la même approche : nous disons par exemple, qu’il faut être plus ambitieux sur le petit commerce, et l’équilibre emploi/logement. D’ailleurs au sujet des équipements des ZAC des Ardoines, M. le Maire, devons-nous pendre comme une réflexion nouvelle le fait que ne figurent pas l’investissement de 3.8 millions d’euros que vous aviez prévus pour l’achat du terrain où doit être construit le futur collège ?

Enfin, sans faire outrage aux défenseurs de bœuf bourguignon et d’autres plats en sauce, dont il m’arrive d’être consommateur, nous sommes conscients des changements de mode de consommation alimentaire d’une partie grandissante de la population. Dans le cadre de la restauration collective, la ville doit, tout en veillant à la qualité diététique de ses repas, laisser le choix à ceux qui le souhaitent, pour des raisons philosophique, sanitaire, environnemental ou religieux, de ne pas consommer de viande. Nous répétons donc notre proposition d’expérimenter ce mode de fonctionnement dans une école pilote.

M. le Maire et chers collègues, bien que nous retenions de nombreux points positifs dans ce budget primitif 2017, qui d’ailleurs mérite que l’on salue le travail sérieux des services municipaux, et nous en avons cité quelques-uns, notre groupe ne peut le voter tel quel. Si nous évoquons des désaccords sur des engagements précis qu’a pris la municipalité, globalement nous nous abstiendrons. Et nous sommes favorables à l’idée de travailler à des passerelles qui pourraient éventuellement permettre à l’avenir d’élaborer un budget de gauche plus citoyen et écologiste.

Je vous remercie.

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